Bérénice

Bérénice

« Bérénice » est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699) créée en 1670. Elle est consacrée à un triangle amoureux formé de l’Empereur romain Titus, de la reine de Palestine Bérénice et du roi de Commagène Antiochus.

Depuis la mort de Vespasien et l’avènement de Titus, on s’attend à ce qu’il légitime la relation qui le lie à Bérénice. Antiochus, proche ami de Titus, est secrètement amoureux de Bérénice ; s’attendant à un mariage imminent, il décide de fuir Rome. Il annonce son départ à Bérénice, tout en lui avouant ses sentiments pour elle. De son côté, Titus, apprenant que les assemblées romaines s’opposent aux noces proposées, décide de renoncer à Bérénice. Il charge son ami Antiochus, qui lui apprend son départ prochain, d’aller annoncer son renoncement à Bérénice…

Les premières représentations de « Bérénice » eurent lieu très peu de temps avant celles de « Tite et Bérénice », une tragédie de Corneille sur le même sujet. Toutefois, là où Corneille construisait sa pièce sur la rivalité de Bérénice et Domitie, future épouse de Domitien, Racine veut conserver l’image idéalisée d’un Titus qui, par raison d’État, renonce à son amour. On peut voir dans cette tragédie un reflet de la monarchie absolue et de l’exemplarité de Louis XIV, qui dut renoncer à son amante Marie Mancini pour épouser l’infante d’Espagne.

Dans « Bérénice », la complexité habituelle des tragédies de Racine laisse place à une intrigue épurée de tous les événements ou coups de théâtre pour se concentrer sur l’annonce que Titus doit faire à Bérénice. Contrairement aux autres personnages de Racine, Titus et Bérénice accepteront tous deux la séparation, faisant face à leur devoir sans se réfugier dans la mort.

« Bérénice » connaît un succès retentissant lors de ses premières représentations. C’était l’une des tragédies préférées de Louis XIV, qui y voyait sans doute sa propre histoire. Par après, en revanche, la pièce est quelque peu oubliée, jusqu’à la fin du XIXe siècle, où la Comédie-Française reprend la tragédie. C’est aujourd’hui l’une des pièces les plus jouées de Racine avec « Phèdre », « Andromaque » et « Britannicus ». Une adaptation télévisuelle est sortie en 2000, intitulée « À propos de Bérénice », avec Carole Bouquet, Gérard Depardieu (Titus) et Jacques Weber (Antiochus).