Commentaire composé Ma Mère de “Grand-père”

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Résumé du commentaire composé
Commentaire composé sur \"Ma mère\" extrait de \"Grand-Père\" de Marina Picasso. Cette analyse sur Ma mère de Marina Picasso a été rédigée par un professeur de français.
- 4 pages de commentaire composé
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Extrait du résumé
Extrait du commentaire composé du livre
“Grand-père”Le texte étudié ici est un portrait de sa mère, réalisé en deux parties : le portrait en société, puis le portrait dans la vie privée. C'est une femme à deux visages : la belle-fille, et la mère.
Texte étudié : Marina Picasso : Grand-père : Ma mère
Ma mère a toujours pensé qu'être la belle-fille de Picasso relevait du droit
divin. Elle n'a jamais pensé à ce qu'on serait plus tard puisqu'une bonne
étoile avait fait de nous des Picasso comme elle.
Picasso était devenu l'image essentielle de sa vie. Elle ne voyait que par
lui, ne pensait qu'à travers lui, ne parlait que de lui : aux commerçants,
aux gens qu'elle croisait dans la rue même si elle ne les connaissait pas.
\"Je suis la belle-fille de Picasso.\"
Un trophée, un passe-droit, un prétexte à toutes les excentricités.
Je me souviens encore de la honte que j'éprouvais lorsqu'en été, à la
plage, elle venait en bikini argenté ou doré, au bras d'un éphèbe de
quinze ans son cadet, de mon humiliation lorsque, toute jeune
adolescente, je la voyais apparaître en mini-jupe à une réunion de parents
d'élèves en compagnie d'un blanc-bec guère plus âgé que moi, des efforts
que je devais faire pour l'appeler Mienne - le diminutif d'Emilienne - parce
que ça faisait plus jeune et style américain, de la peur que j'avais
lorsqu'elle ouvrait la bouche, du malaise que je ressentais lorsqu'elle
expliquait la peinture de Picasso, elle qui n'avait jamais vu un catalogue ni
même une brochure des oeuvres de mon grand-père.
Son discours variait selon les gens qu'elle rencontrait. Lorsqu'il s'agissait
de personnes qu'elle connaissait à peine, elle hissait Picasso sur un
piédestal : \"Mon beau-père est un génie. Je l'admire et je sais qu'il
m'apprécie beaucoup.\" Avec ceux qui étaient plus intimes, sans retenue,
elle racontait toutes nos difficultés : \"Vous rendez-vous compte qu'avec
toute sa fortune, ce salaud nous laisse sans un sou.\"
Les gens riaient. Les gens rient toujours quand ces choses-là arrivent aux
autres.
Je ne me souviens pas que ma mère nous ait raconté des histoires comme
Le Petit Chaperon rouge ni qu'elle nous ait amenés faire un tour de
manège. Je sais seulement qu'en dépit de toutes ses dérives
pathologiques, elle était la seule à nous protéger. A part elle, personne ne
voulait de nous dans cette famille. En dépit de sa folie des grandeurs et de
ses turbulences, elle nous apportait la chaleur de sa présence, de son
parfum de mère, de sa voix, de ses rires, même s'ils étaient le plus
souvent forcés. Elle nous offrait la niche de l'appartement avec tous ces
repères affectifs qui peuplent une petite enfance : la bouilloire qui chante
sur le feu, la table de la cuisine et sa toile cirée, l'eau de l'évier qui goutte,
la chaise chancelante sur laquelle \"il ne faut pas s'asseoir\", le bouquet
desséché dans son vase, le cocon de cette chambre bleue ou Pablito et
moi pouvons nous isoler : trésors incomparables lorsqu'on est orphelin.
Pour le reste, avec les moyens du bord qui lui étaient offerts, elle a fait ce
qu'elle a pu.
Ce n'était pas génial.
(Marina Picasso : Grand-père : Ma mère)