Simon Leys, de son vrai nom Pierre Ryckmans, né le 28 septembre 1935 à Bruxelles, est un écrivain, essayiste, critique littéraire et sinologue belge, de langue française et anglaise.

Les thèmes principaux de son œuvre ont trait à la Chine, la littérature et la mer. Son style, à la fois érudit, clairvoyant et sarcastique, confère une valeur littéraire à ses textes au delà des sujets traités et de ses opinions.

Petit-fils d'un bourgmestre d'Anvers, il étudie le droit et l'histoire de l'art à l'Université catholique de Louvain. En 1955, à l'âge de dix-neuf ans, il participe au voyage d'une délégation de jeunes Belges invités durant un mois en Chine, au cours duquel il affirme avoir pris part à un entretien avec Zhou Enlai.[réf. nécessaire] À partir de 1959, il poursuit des études de langue, littérature et art chinois à Taiwan, Singapour et Hong Kong. Il acquiert pendant cette période une science profonde du monde chinois en plus d'une expérience quotidienne de réalité de la Chine à cette époque. En 1964, il épouse une Chinoise, Hanfang, qui devient belge par son mariage. Hanfang mettra au monde quatre enfants, dont des jumeaux, Marc et Louis, né en 1967 à Hong Kong[1]. La famille s'installe en Australie en 1970, mais garde cependant la nationalité belge[2]. Pierre Ryckmans enseigne la littérature chinoise à Canberra, puis les études chinoises à l'université de Sydney de 1987 à 1993.

En 1971, sur les conseils de son éditeur, il décide de prendre un pseudonyme avant de publier les Habits neufs du président Mao, pour ne pas risquer de devenir persona non grata en République populaire de Chine. Il choisit comme nom « Leys » en référence au personnage du roman de Victor Segalen René Leys, publié en 1922 ; et comme prénom « Simon » en référence au nom originel de l'apôtre Pierre.

Il critique dès la première heure la Révolution culturelle en Chine populaire. Il n'est connu au départ que de cercles restreints, mais est découvert du grand public au cours d'un numéro de l'émission Apostrophes en 1983 consacré à la Chine où Bernard Pivot avait également invité Maria-Antonietta Macciocchi, auteur du livre De la Chine. Après avoir laissé cette dernière parler avec lyrisme de l'homme nouveau qui apparaissait en Chine, Simon Leys - qui avait vécu en Chine précisément pendant la période en question - répondit en fournissant plusieurs données factuelles suggérant qu'elle n'avait pas vérifié ses sources avant d'écrire son livre. « Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécilités comme les pommiers produisent des pommes, mais moi qui ai vu chaque jour depuis ma fenêtre le fleuve Jaune charrier des cadavres, je ne peux accepter cette présentation idyllique par madame de la Révolution culturelle. » D'après une interview de Bernard Pivot, ce fut le seul cas où à la suite d'un passage à Apostrophes les prévisions de vente d'un livre furent révisées à la baisse.

Un autre sinologue apporte depuis ses débuts un soutien discret à Simon Leys : René Étiemble.

Dans les années 1970, la publication de ses pamphlets sur la Chine lui ont attiré la haine des milieux maoïstes français de l'époque, représentés notamment par la revue Tel Quel.

Une sinologue nommée Michelle Loi publia même, en 1975, il court livre intitulé Pour Luxun Réponse à Pierre Ryckmans (Simon Leys), (Lausanne, Alfred Eibel éditeur) dont le titre dévoile le nom réel de Simon Leys, au risque de lui interdire de pouvoir retourner en Chine. Simon Leys lui a répondu dans une annexe de son livre Images brisées, qui est intitulée L'oie et sa farce, page 545 des Essais sur la Chine, Collection Bouquins, Robert Laffont. C'est un court pamphlet où il reproche à Michelle Loi d'avoir révélé son identité véritable. Voici le passage où il parle des dénonciateurs qui voudraient qu'il n'entre plus en Chine (ça date de 1975 ou 1976). La seule idée qu'un individu comme Simon Leys puisse constamment souhaiter revoir la Chine, qu'il ait noué dans ce monde-là les liens les plus chers ne leur paraît pas seulement incompréhensible, elle leur est proprement sacrilège.

Simon Leys est également :

* membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique depuis 1990 (il y occupe le fauteuil de Georges Simenon),
* lauréat du Prix Renaudot (Essai) en 2001 pour Protée et autres essais,
* lauréat du prix Guizot en 2003 pour Les Naufragés du Batavia,
* récipiendaire du Prix mondial Cino Del Duca en 2005 pour l'ensemble de son œuvre.
* docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain en 2005 (et titulaire de la Chaire de poétique de cette même université la même année).

En 2002, une comédie intitulée The Emperor's New Clothes est tiré de son seul roman publié à ce jour : La Mort de Napoléon. Ian Holm en tient le rôle-titre.