Commentaire composé Dixième promenade de “Les Rêveries du promeneur solitaire”

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Résumé du commentaire composé
Commentaire composé sur la \"Dixième promenade\" extrait de \"Les rèveries du promeneur solitaire\" de Rousseau. Cette analyse sur la Dixième promenade extrait des Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau a été rédigée par un professeur de français.
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Extrait du résumé
Extrait du commentaire composé du livre
“Les Rêveries du promeneur solitaire”Il s'agit, ici, de la dixième promenade interrompue par la mort de Rousseau en 1778 (il a 66 ans). Elle est restée à l'état de brouillon comme la 8ème et la 9ème promenades.
Texte étudié : Dixième promenade, Les rèveries du promeneur solitaire (de Rousseau)
Aujourd'hui, jour de Pâques fleuries, il y a précisément cinquante ans de
ma première connaissance avec madame de Warens. Elle avait vingt-huit
ans alors, étant née avec le siècle. Je n'en avais pas encore dix-sept et
mon tempérament naissant, mais que j'ignorais encore, donnait une
nouvelle chaleur à un coeur naturellement plein de vie. S'il n'était pas
étonnant qu'elle conçût de la bienveillance pour un jeune homme vif, mais
doux et modeste d'une figure assez agréable, il l'était encore moins
qu'une femme charmante pleine d'esprit et de grâces, m'inspirât avec la
reconnaissance des sentiments plus tendres que je n'en distinguais pas.
Mais ce qui est moins ordinaire est que ce premier moment décida de moi
pour toute ma vie, et produisit par un enchaînement inévitable le destin
du reste de mes jours. Mon âme dont mes organes n'avaient point
développé les plus précieuses facultés n'avait encore aucune forme
déterminée. Elle attendait dans une sorte d'impatience le moment qui
devait la lui donner, et ce moment accéléré par cette rencontre ne vint
pourtant pas sitôt, et dans la simplicité de moeurs que l'éducation m'avait
donnée je vis longtemps prolonger pour moi cet état délicieux mais rapide
où l'amour et l'innocence habitent le même coeur. Elle m'avait éloigné.
Tout me rappelait à elle, il y fallut revenir. Ce retour fixa ma destinée, et
longtemps encore avant de la posséder je ne vivais plus qu'en elle et pour
elle. Ah ! si j'avais suffi à son coeur comme elle suffisait au mien ! Quels
paisibles et délicieux jours nous eussions coulés ensemble ! Nous en
avons passé de tels, mais qu'ils ont été courts et rapides, et quel destin
les a suivis ! Il n'y a pas de jour où je ne me rappelle avec joie et
attendrissement cet unique et court temps de ma vie où je fus moi
pleinement, sans mélange et sans obstacle, et où je puis véritablement
dire avoir vécu. Je puis dire à peu près comme ce préfet du prétoire qui
disgracié sous Vespasien s'en alla finir paisiblement ses jours à la
campagne : \"J'ai passé soixante et dix ans sur la terre, et j'en ai vécu
sept.\" Sans ce court mais précieux espace je serais resté peut-être
incertain sur moi, car tout le reste de ma vie, faible et sans résistance, j'ai
été tellement agité, ballotté, tiraillé par les passions d'autrui, que presque
passif dans une vie aussi orageuse j'aurais peine à démêler ce qu'il y a du
mien dans ma propre conduite, tant la dure nécessité n'a cessé de
s'appesantir sur moi. Mais durant ce petit nombre d'années, aimé d'une
femme pleine de complaisance et de douceur, je fis ce que je voulais faire,
je fus ce que je voulais être, et par l'emploi que je fis de mes loisirs, aidé
de ses leçons et de son exemple, je sus donner à mon âme encore simple
et neuve la forme qui lui convenait davantage et qu'elle a gardée toujours.
Le goût de la solitude et de la contemplation naquit dans mon coeur avec
les sentiments expansifs et tendres faits pour être son aliment. Le tumulte
et le bruit les resserrent et les étouffent, le calme et la paix les raniment
et les exaltent. J'ai besoin de me recueillir pour aimer. J'engageai maman
à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d'un vallon fut
notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui
d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein qui couvre de son charme
tout ce que mon sort présent a d'affreux. J'avais besoin d'une amie selon
mon coeur, je la possédais. J'avais désiré la campagne, je l'avais obtenue,
je ne pouvais souffrir l'assujettissement, j'étais parfaitement libre, et
mieux que libre, car assujetti par mes seuls attachements, je ne faisais
que ce que je voulais faire. Tout mon temps était rempli par des soins
affectueux ou par des occupations champêtres. Je ne désirais rien que la
continuation d'un état si doux. Ma seule peine était la crainte qu'il ne
durât pas longtemps, et cette crainte née de la gêne de notre situation
n'était pas sans fondement. Dès lors je songeai à me donner en même
temps des diversions sur cette inquiétude et des ressources pour en
prévenir l'effet. Je pensai qu'une provision de talents était la plus sûre
ressource contre la misère, et je résolus d'employer mes loisirs à me
mettre en état, s'il était possible, de rendre un jour à la meilleure des
femmes l'assistance que j'en avais reçue.
(Dixième promenade, Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau)