Commentaire composé Lettre XXII (De Madame de Tourvel à madame de Volanges) de “Les liaisons dangereuses”

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Résumé du commentaire composé
Commentaire composé sur la Lettre de Madame de Tourvel à Madame de Volanges\" (Lettre XXII), extrait de \"Les liaisons dangereuses\" de Choderlos Laclos. Cette analyse sur la lettre XII : de Madame de Tourvel à Madame de Volanges a été rédigée par un professeur de français.
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Extrait du résumé
Extrait du commentaire composé du livre
“Les liaisons dangereuses”Mme de Tourvel est séduite. Elle est enthousiaste, et consacre toute sa lettre à faire l'éloge de Valmont, sans retenue, de la première à la dernière ligne. Elle est véhémente et convaincue, et cherche à influencer le jugement de valeur que porte son amie sur Valmont.
Texte étudié: composé sur \"De Madame de Tourvel à Madame de Volanges\" (Lettre XXII) de Laclos :
Vous serez sans doute bien aise, Madame, de connaître un trait de M. de
Valmont, qui contraste beaucoup, ce me semble, avec tous ceux sous
lesquels on vous l'a représenté. Il est si pénible de penser
désavantageusement de qui que se soit, si fâcheux de ne trouver que des
vices chez ceux qui auraient toutes les qualités nécessaires pour faire
aimer la vertu ! Enfin vous aimez tant à user d'indulgence, que c'est vous
obliger que de vous donner des motifs de revenir sur un jugement
rigoureux. M. de Valmont me paraît fondé à espérer cette faveur, je dirais
presque cette justice de votre part, et voici sur quoi je le pense.
Il a fait ce matin une de ces courses qui pouvaient faire supposer quelque
projet de sa part dans les environs, comme l'idée vous en était venue ;
idée que je m'accuse d'avoir saisie peut-être avec trop de vivacité.
Heureusement pour lui, et surtout heureusement pour nous, puisque cela
nous sauve d'être injustes, un de mes gens devait aller du même côté que
lui ; et c'est par là que ma curiosité répréhensible, mais heureuse, a été
satisfaite. Il nous a rapporté que M. de Valmont, ayant trouvé au village
de... une malheureuse famille dont on vendait les meubles, faute d'avoir
pu payer les impositions, s'était empressé non seulement d'acquitter sur
le champ la dette de ces pauvres gens, mais même leur avait donné une
somme d'argent assez considérable. Mon domestique a été témoin de
cette vertueuse action ; et il m'a rapporté de plus que les paysans,
causant entre eux et avec lui, avaient dit qu'un domestique qu'ils ont
désigné, et que le mien croit être celui de M. de Valmont, avait pris hier
des informations sur ceux des habitants du village qui pouvaient avoir
besoin de secours. Si cela est ainsi, ce n'est même plus seulement une
compassion passagère, et que l'occasion détermine : c'est le projet formé
de faire du bien ; c'est la sollicitude de la bienfaisance ; c'est la plus belle
vertu des plus belles âmes ; mais, soit hasard ou projet, c'est toujours
une action honnête et louable, et dont le seul récit m'a attendrie jusqu'aux
larmes. J'ajouterai de plus, et toujours par justice, que lorsque je lui ai
parlé de cette action, de laquelle il ne disait mot, il a commencé par s'en
défendre, et a eu l'air d'y mettre si peu de valeur, lorsqu'il en est
convenu, que sa modestie en doublait le mérite.
A présent, dites-moi, ma respectable amie, si M. de Valmont est en effet
un libertin sans retour, s'il n'est que cela et se conduit ainsi, que resterat-
il aux gens honnêtes ? Quoi ! les méchants partageraient-ils avec les
bons le plaisir sacré de la bienfaisance ? Dieu permettrait-il qu'une famille
vertueuse reçut, de la main d'un scélérat, des secours dont elle rendrait
grâce à sa divine Providence ? et pourrait-il se plaire à entendre des
bouches pures répandre leurs bénédictions sur un réprouvé ? Non, j'aime
mieux croire que des erreurs, pour être longues, ne sont pas éternelles ;
et je ne puis penser que celui qui fait du bien soit l'ennemi de la vertu. M.
de Valmont n'est peut-être qu'un exemple de plus du danger des liaisons.
Je m'arrête à cette idée qui me plaît. Si, d'une part, elle peut servir à le
justifier dans votre esprit, de l'autre, elle me rend de plus en plus
précieuse l'amitié tendre qui m'unit à vous pour la vie.
J'ai l'honneur d'être, Madame, etc.
P.S.- Mme de Rosemonde et moi nous allons, dans l'instant, voir aussi
l'honnête et malheureuse famille, et joindre nos secours tardifs à ceux de
M. de Valmont. Nous le mènerons avec nous. Nous donnerons au moins à
ces bonnes gens le plaisir de revoir leur bienfaiteur ; c'est, je crois, tout ce
qu'il nous a laissé à faire. (Laclos : Les Liaisons dangereuses, Lettre XXII)