Commentaire composé Au petit matin de “Cahier d'un retour au pays natal”

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Résumé du commentaire composé
Commentaire composé sur « Au bout du petit matin » de Césaire (Cahier d'un retour au pays natal). Cette analyse sur Au bout du petit matin de Césaire a été rédigée par un professeur de français.
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Extrait du résumé
Extrait du commentaire composé du livre
“Cahier d'un retour au pays natal”Dans son long poème en prose, Cahier d'un retour au pays natal publié en 1947 mais composé dès 1938-1939, il apostrophe violemment ses compatriotes pour les convaincre de renouer avec leur culture ancestrale, seul moyen d'envisager pour les Antilles un avenir en rapport avec leurs ressources matérielles et spirituelles.
Après avoir examiné les raisons pour lesquelles le poète s'estime investi du droit d'en appeler à la révolte, nous dégagerons les traits caractéristiques de l'opposition qu'il établit entre la situation lamentable du pays colonisé et le réveil plein de bonheur qui suivrait la réhabilitation des valeurs traditionnelles.
Texte étudié : Cendrars : Cahier d'un retour au pays natal : Au bout du petit matin
Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais
dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses
entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six
frères et soeurs, une petite maison cruelle dont l'intransigeance affole nos
fins de mois et mon père fantasque grignoté d'une seule misère, je n'ai
jamais su laquelle, qu'une imprévisible sorcellerie assoupit en
mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma
mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de
jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui
pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d'une
Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
Au bout du petit matin, au-delà de mon père, de ma mère, la case gerçant
d'ampoules, comme un pêcher tourmenté de la cloque, et le toit aminci,
rapiécé de morceaux de bidon de pétrole, et ça fait des marais de rouillure
dans la pâte grise sordide empuantie de la paille, et quand le vent siffle,
ces disparates font bizarre le bruit, comme un crépitement de friture
d'abord, puis comme un tison que l'on plonge dans l'eau avec la fumée
des brindilles qui s'envole... Et le lit de planches d'où s'est levée ma race,
tout entière ma race de ce lit de planches, avec ses pattes de caisses de
Kérosine, comme s'il avait l'éléphantiasis le lit, et sa peau de cabri, et ses
feuilles de banane séchées, et ses haillons, une nostalgie de matelas le lit
de ma grand-mère.
(Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal (1947), Au bout du petit matin)