Commentaire composé Chapitre 7 de “L'Ingénu”

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Résumé du commentaire composé
Commentaire composé sur le chapitre 7 de L'ingénu de Voltaire. Cette analyse sur le chapitre 7 de L'ingénu de Voltaire a été rédigée par un professeur de français.
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Extrait du résumé
Extrait du commentaire composé du livre
“L'Ingénu”Les deux héros s'aiment, mais le mariage est impossible : St-Yves est la marraine de l'Ingénu, elle est au couvent, il doit être sous diacre. L'abbé de St-Yves a fait enfermer sa soeur dans un couvent sous le conseil du bailli. Le chapitre 7 est comme une distraction, un défoulement devant les malheurs d l'Ingénu avec l'arrivée des Anglais (possibilité de sauver St-Yves).
Texte étudié : Chapitre 7 de l'Ingénu de Voltaire
L'Ingénu repousse les Anglais
L'Ingénu, plongé dans une sombre et profonde mélancolie, se
promena vers le bord de la mer, son fusil à deux coups sur
l'épaule, son grand coutelas au côté, tirant de temps en temps sur
quelques oiseaux, et souvent tenté de tirer sur lui-même; mais il
aimait encore la vie à cause de Mademoiselle de Saint-Yves.
Tantôt il maudissait son oncle, sa tante, et toute la Basse-Bretagne,
et son baptême; tantôt il les bénissait, puisqu'ils lui
avaient fait connaître celle qu'il aimait. Il prenait sa résolution
d'aller brûler le couvent, et il s'arrêtait tout court, de peur de
brûler sa maîtresse. Les flots de la Manche ne sont pas plus agités
par les vents d'est et d'ouest que son coeur l'était par tant de
mouvements contraires.
Il marchait à grands pas, sans savoir où, lorsqu'il entendit le
son du tambour. Il vit de loin tout un peuple dont une moitié
courait au rivage, et l'autre s'enfuyait.
Mille cris s'élèvent de tous côtés; la curiosité et le courage le
précipitent à l'instant vers l'endroit d'où partaient ces clameurs :
il y vole en quatre bonds. Le commandant de la milice, qui avait
soupé avec lui chez le prieur, le reconnut aussitôt; il court à lui,
les bras ouverts : « Ah! c'est l'Ingénu, il combattra pour nous. »
Et les milices, qui mouraient de peur, se rassurèrent, et crièrent
aussi : « C'est l'Ingénu! c'est l'Ingénu! »
« - Messieurs, dit-il, de quoi s'agit-il? Pourquoi êtes-vous si
effarés? A-t-on mis vos maîtresses dans des couvents? » Alors
cent voix confuses s'écrient : « Ne voyez-vous pas les Anglais qui
abordent? - Eh bien! répliqua le Huron, ce sont de braves
gens; ils ne m'ont jamais proposé de me faire sous-diacre; ils ne
m'ont point enlevé ma maîtresse. »
Le commandant lui fit entendre que les Anglais venaient piller
l'abbaye de la Montagne, boire le vin de son oncle, et peut-être
enlever Mademoiselle de Saint-Yves; que le petit vaisseau sur
lequel il avait abordé en Bretagne n'était venu que pour reconnaître
la côte; qu'ils faisaient des actes d'hostilité sans avoir
déclaré la guerre au roi de France et que la province était
exposée. « Ah! si cela est, ils violent la loi naturelle; laissez-moi
faire ; j'ai demeuré longtemps parmi eux, je sais leur langue, je
leur parlerai ; je ne crois pas qu'ils puissent avoir un si méchant
dessein. »
Pendant cette conversation, l'escadre anglaise approchait ;
voilà le Huron qui court vers elle, se jette dans un petit bateau,
arrive, monte au vaisseau amiral, et demande s'il est vrai qu'ils
viennent ravager le pays sans avoir déclaré la guerre honnêtement.
L'amiral et tout son bord firent de grands éclats de rire, lui
firent boire du punch et le renvoyèrent.
L'Ingénu, piqué, ne songea plus qu'à se bien battre contre ses
anciens amis, pour ses compatriotes et pour Monsieur le prieur.
Les gentilshommes du voisinage accouraient de toutes parts; il se
joint à eux : on avait quelques canons; il les charge, il les pointe, il
les tire l'un après l'autre. Les Anglais débarquent; il court à eux,
il en tue trois de sa main, il blesse même l'amiral qui s'était
moqué de lui. Sa valeur anime le courage de toute la milice; les
Anglais se rembarquent, et toute la côte retentissait des cris de
victoire : « Vive le roi! vive l'Ingénu! » Chacun l'embrassait,
chacun s'empressait d'étancher le sang de quelques blessures
légères qu'il avait reçues. « Ah! disait-il, si Mademoiselle de
Saint-Yves était là, elle me mettrait une compresse. »
Le bailli, qui s'était caché dans sa cave pendant le combat, vint
lui faire compliment comme les autres. Mais il fut bien surpris
quand il entendit Hercule l'Ingénu dire à une douzaine de jeunes
gens de bonne volonté, dont il était entouré : « Mes amis, ce
n'est rien d'avoir délivré l'abbaye de la Montagne; il faut délivrer
une fille. » Toute cette bouillante jeunesse prit feu à ces seules
paroles. On le suivait déjà en foule, on courait au couvent. Si le
bailli n'avait pas sur-le-champ averti le commandant, si on n'avait
pas couru après la troupe joyeuse, c'en était fait. On ramena
l'Ingénu chez son oncle et sa tante, qui le baignèrent de larmes
de tendresse.
« Je vois bien que vous ne serez jamais ni sous-diacre, ni
prieur, lui dit l'oncle; vous serez un officier encore plus brave
que mon frère le capitaine, et probablement aussi gueux. » Et
Mademoiselle de Kerkabon pleurait toujours en l'embrassant, et
en disant : « Il se fera tuer comme mon frère; il vaudrait bien
mieux qu'il fût sous-diacre. »
L'Ingénu, dans le combat, avait ramassé une grosse bourse
remplie de guinées, que probablement l'amiral avait laissé tomber.
Il ne douta pas qu'avec cette bourse il ne pût acheter toute la
Basse-Bretagne et surtout faire Mademoiselle de Sainte-Yves
grande dame. Chacun l'exhorta de faire le voyage de Versailles
pour y recevoir le prix de ses services. Le commandant, les principaux
officiers, le comblèrent de certificats. L'oncle et la tante
approuvèrent le voyage du neveu. Il devait être, sans difficulté,
présenté au roi : cela seul lui donnerait un prodigieux relief dans
la province. Ces deux bonnes gens ajoutèrent à la bourse anglaise
un présent considérable de leurs épargnes. L'Ingénu disait en luimême
: « Quand je verrai le roi, je lui demanderai Mademoiselle
de Saint-Yves en mariage et certainement il ne me refusera pas. »
Il partit donc aux acclamations de tout le canton, étouffé
d'embrassements, baigné des larmes de sa tante, béni par son
oncle, et se recommandant à la belle Saint-Yves.